Pour mon premier article, je vous emmène dans les Pyrénées ariégeoises, à une époque -pas si lointaine que ça- où l’idée de voler de mes propres ailes commençait tout juste à me trotter dans la tête. Une époque où je ne partais marcher que certains week-ends, vu que je passais la semaine au bureau -mais ça, c’était avant…
UN DEPART TARDIF, MAIS UN PARCOURS PROMETTEUR
L’été dernier, par un beau dimanche ensoleillé, je décide d’aller explorer la Haute-Ariège. A part le Pic des Trois Seigneurs (2199m), je ne me suis encore frotté à aucun haut sommet dans cette région. Les noms des principaux sommets du coin -Pique d’Estats (3143m), Mont Valier (2838m), Pic de Maubermé (2880m), etc…- laissent rêveur, mais ces sommets sont plutôt éloignés car situés à la frontière espagnole, et je n’ai qu’une seule journée. J’opte donc pour la Pique Rouge de Bassiès (2676m), un peu plus facile d’accès; un beau challenge tout de même, avec un dénivelé conséquent. Pour accéder à ce sommet, plusieurs approches sont possibles. Je décide de partir depuis le parking de la Coumebière (environ 1400m), au bord de la D8f qui monte d’Aulus-les-Bains au Col d’Agnès.
Habiter à 1h30 du pied des premiers sommets du Luchonnais et de la Vallée d’Aure a un avantage certain: je peux facilement faire la route dans la journée. Mais pour aller jusqu’au coeur des Pyrénées ariégeoises, c’est une autre histoire. Après un lever difficile retardant mon départ de la maison, me voilà pris dans un embouteillage à St-Girons. Alors bon, je serais bien resté pour le festival de musique, mais ce jour-là, j’ai une autre idée en tête. Je décide de faire un détour qui me rajoute une bonne demi-heure de route. Il est donc déjà 11h45 quand je commence à marcher. Mais qu’importe, le temps est au beau fixe, je devrais en prendre plein les yeux.
Le parking de la Coumebière est tellement bondé que j’ai dû me garer le long de la route. J’emprunte le GR10 direction SE sur quelques centaines de mètres avant de bifurquer sur la droite. Le sentier s’élève dans un bout de forêt jusqu’aux anciennes Mines des Argentières. Pas trop le temps de m’attarder, malheureusement… Après les mines, la pente devient quasi-nulle, et après environ une demi-heure, je parviens à l’Etang de Labant (1597m), au bord duquel quelques promeneurs profitent de leur pique-nique. Le sentier s’élève à nouveau à travers un pan de forêt, direction SSO, puis O, avant de bifurquer soudain à nouveau en direction du SE. Une première surprise m’attend. Le sentier sort de la forêt et remonte maintenant le long de la partie basse d’une crête, dévoilant, côté S, un magnifique panorama sur la ligne de crête reliant le Pic de Puntussan (2682m) et la Pique Rouge de Bassiès (2676m), ainsi que leurs crêtes nord respectives.
ARRIVEE SUR LA CRETE
Je continue mon chemin le long des pentes herbeuses des Fouzes. Le panorama s’ouvre de plus en plus malgré le peu de dénivelé, mais le sentier à flanc de montagne, bien que facile à suivre, est étroit. Absorbé par la vue, je glisse bêtement et me râpe un genou. Juste quelques égratignures, qui vont pourtant me freiner dans ma progression. En effet, après une courte pause pour désinfecter les plaies, je peine à reprendre un rythme. Je suis à peine à 1750m d’altitude, il fait chaud et le chemin est encore long. Je retrouve heureusement de la motivation en imaginant le panorama de là-haut.
Le parcours s’élève enfin pour de bon et devient un peu plus sportif. L’arrivée au col (1944m), situé entre le Pic de Cabanatous (2053m) et le Pic des Planes (2063m) est une révélation. Un vaste panorama s’ouvre côté E sur les Etangs de Bassiès et d’innombrables crêtes.
A une cinquantaine de mètres sur ma gauche, un couple dépasse l’orri. Quant à moi, je mitraille !! Le bleu profond des étangs situés en contrebas attirent tout particulièrement mon attention. Je devine le parcours du GR10, qui longe ceux-ci depuis le Refuge de Bassiès, avant de disparaître en direction de la Vallée du Vicdessos et du parking de Massada, l’autre accès principal à la Pique Rouge de Bassiès, dont le sommet est enfin visible !!
La montée direction SO pour atteindre le Pic des Planes (2063m) est un régal. Je décide de faire une petite pause casse-croûte sur ce petit sommet, afin de profiter de la vue et de visualiser la suite du parcours.
Après une courte descente vers le Col de Morech (2024m), le sentier s’élève doucement dans une grande estive, hésitant entre S et SSO. L’arrivée au Cot de Morech (2145m) marque la fin du parcours de crête et le début d’un parcours beaucoup plus accidenté. Il reste encore environ une distance de 3km et plus de 500m de dénivelé à grimper. Après un passage le long de quelques à-pics (côté O), le sentier contourne la crête rocheuse par la gauche. Quelques vautours tournoient autour de l’éperon rocheux du Pic des Fouziès (2281m). Sur ma gauche, une muraille de roche forme un superbe cirque.
UNE FIN DE PARCOURS PLUTOT SPORTIVE…
Au fur-et-à-mesure que l’on s’élève, la roche est de plus en plus présente. Le sentier rejoint celui des Etangs des Lavants de l’Escale, puis se perd au milieu des blocs, juste en-deçà du Pic de Caumale (2523m). Le terrain n’est pratiquement plus que roche et je commence à être épuisé. Il est déjà 16h00.
Mais qu’importe. Le sommet est là, face à moi. C’est tout droit ou presque, et la météo toujours aussi ensoleillée. Se frayer un chemin dans ce chaos rocheux, puis tout donner dans la dernière montée. Devenir une machine, le temps de quelques minutes. Je peine et je souffle, m’arrête tous les 20m, mais j’y suis presque…
…ET ENFIN, L’ULTIME ET FABULEUSE RECOMPENSE !!
Ca y est, j’y suis !! Et j’en prends plein les yeux !! Comment décrire l’émotion du « peak-bagger » à son arrivée en haut d’un tel sommet ?? Je dirais que l’émotion est proportionnelle à la fois à la beauté du panorama et à la difficulté de l’ascension. Et autant vous dire que ce jour-là, l’émotion fut au rendez-vous. La vue à 360° est tout simplement fabuleuse !!
Je suis encore en train de reprendre mon souffle lorsqu’un coureur apparaît près du cairn, avale une gorgée, puis disparaît presqu’aussitôt. Ca calme… Je dégaine mon appareil photo et mitraille tout autour de moi. Plein sud, le Pic du Montcalm (3077m) et le Pic du Port de Sullo (3072m) entourent la Pique d’Estats (3143m), point culminant de l’Ariège. Tout autour de moi, d’interminables crêtes rocheuses aux pointes acérées me ramènent à ma dimension d’être humain. Je ne suis qu’une toute petite fourmi dans ce paysage colossal, et chaque regard émerveillé que je pose sur cette immensité traduit mon éternelle reconnaissance à l’égard de Mère Nature de m’avoir laissé arriver jusque là-haut, et inconsciemment, la prie humblement de me guider sur le chemin du retour afin que je puisse conter, photos à l’appui, la beauté de ce décor grandiose. Voilà pourquoi j’aime marcher seul: pour pouvoir m’imprégner totalement de ces paysages jusqu’à en faire partie et retrouver ainsi, au travers de l’effort et de l’émerveillement, un peu d’humilité et de sagesse qui nous font si cruellement défaut de nos jours…
L’INTERMINABLE DESCENTE
Après avoir constaté que le sommet se trouve en fait quelques dizaines de mètres à l’ouest du cairn sommital, je m’assieds un peu et en profite aussi pour me désaltérer et manger un morceau. Un accenteur alpin (Prunella collaris) volette autour de moi. C’est ma première rencontre avec cette espèce de passereau -que je n’identifierai avec certitude qu’à mon retour à la maison- et un autre temps fort de cette randonnée.
Il est 17h45 et donc grand temps de rentrer. Au bout d’une bonne trentaine de minutes de descente, je croise un autre randonneur qui installe son campement pour la nuit à l’ombre de la crête rocheuse longée à l’aller. Nous échangeons pendant un bon quart-d’heure, puis je reprends ma route. Juste avant le Cot de Morech, je rejoins le sommet de la crête et retrouve avec plaisir le soleil. Je me délecte des bleutés des innombrables crêtes qui s’étirent côté ouest, avec en toile de fond le Mont Valier (2838m). La fin de descente, qui emprunte exactement le même itinéraire qu’à l’aller, est interminable, mais se passe sans histoire. Il est 20h30 lorsque j’arrive à la voiture, soit une heure environ avant la nuit. Quelle journée !!
LE PARCOURS
Distance: environ 16.5km; dénivelé: environ 1400m; durée: 8h45.
Difficultés: parcours assez long, mais dénivelé très progressif. La deuxième moitié de parcours est un peu plus sportive et l’orientation peut s’avérer délicate, notamment sur les derniers 1.5km, en cas de mauvaise visibilité. Bien vérifier les prévisions météorologiques (attention aux risques d’orage !!) et se renseigner si possible sur les conditions d’enneigement (qui peuvent requérir du matériel spécialisé et certaines compétences, que je n’ai d’ailleurs pas à ce jour), même en été.
I enjoyed reading your detailed account; I have almost the same set of photographs and we obviously stopped at the same viewpoints! I got as far as the foot of the final climb last autumn, turning back as I’d left it too late in the day to get back before nightfall. I’m impressed that you made it after starting so late. I’m determined to get to the top another time, but it’s a loooong day!
Thank you Michelle !! Really hope you make it to the top next time as the vista is fantastic !! You may allow yourself two days to climb it if you don’t fancy doing it in one go, starting from the E and staying one night at the Refuge de Bassiès, close to the main lake.
That’s a great idea – I hadn’t thought of staying in the refuge and having a nice early start. Thanks!
Just had to let you know that I made it to the summit last week! 5 hours up and 4 down. What a fantastic summit. I enjoyed reliving it by re-reading your blog – thanks!
Fantastic, well done !! 😀 I had a two-day trip to Mont Valier last Tuesday and Wednesday, the weather was perfect indeed !!
Bravo pour ce 1er article qui met l’eau à la bouche… ou plutôt des envies de mettre un pied devant l’autre… Superbes photos.
Merci beaucoup, Dany !! See you soon !!
Great post David. Stunning scenery throughout. Love the views of the bigger mountains at the end and the layers of blue peaks.
Thank you Martin, the last pic is one of my favourite as well !!
trop bin
Merci Enzo !! 😀
Brilliant stuff David. Looks like a serious mountain – great photos too. Looking forward to more in future – subscribed now.
Thank you for your support Aidy, really happy to know you enjoyed it !! 😀
Bravo DAVID pour cet article, tu nous donnes l occasion de nous évader de notre quotidien
Merci Manu !! 😊
Merci beaucoup pour cet article ! N’ayant fait que 2 randos dans ma vie, ça me donne envie de continuer jusqu’à pouvoir en profiter seule.
Hâte de voir le prochain post !
Merci Kellhi !!
Ravi que cet article t’ait plu, n’oublie pas de t’abonner pour recevoir un notification par mail à la parution de chaque nouvel article !!
Amicalement
David